« Nous pouvons laisser participer les parents aux soins et leur donner l’intimité nécessaire pour être seuls avec leur bébé dans leur cocon. Et pourtant, ils se sentent entourés des meilleures soins avec la sécurité de l’alarme. »
Les nouveau-nés malades et leurs parents bénéficient d’un espace pour être ensemble avec le moins de stimuli possible. Les alarmes représentent une grande partie du niveau de bruit dans la chambre. C’est donc un défi pour chaque hôpital de travailler dans un environnement à faible stimuli dans les services de nouveau-nés et d’enfants. Surtout quand l’aménagement d’un nouveau bâtiment est prévu.
Nele Nuytten du service technique biomédical, chef de projet, Karen Van Quekelberghe, infirmière en chef adjointe en néonatologie, Isabelle Sasanguie, sage-femme en néonatologie, et le docteur Kris De Coen, directeur clinique adjoint de la néonatologie partagent leurs réflexions à ce sujet. En collaboration avec itemedical, ils ont réussi, avec leurs équipes de projet, à créer un environnement plus calme dans les nouveaux services intensifs de néonatologie de l’hôpital universitaire de Gand. (UZ Gent)
1. ‘Family Centered Care’: moins de stimuli en néonatologie pour améliorer les soins
De plus en plus de services néonataux appliquent le concept de soins centrés sur la famille : les parents sont étroitement impliqués dans les soins de développement du nouveau-né. Ils changent leur bébé, prennent eux-mêmes la température, lavent le bébé, il y a le plus possible de contact peau à peau. Depuis début 2000, le Service Néonatal de l’UZ Gent utilise également ce concept. Les congrès sur les soins de développement, la littérature ainsi que le rapport du Federal Knowledge Center for Healthcare : tous soulignent que la participation parentale, combinée à des chambres unifamiliales, profite à la croissance et au développement des bébés. C’est pourquoi une nouvelle unité de soins y a été inaugurée l’été dernier avec des chambres fermées selon le concept de « Silent room » (chambre silencieuse) pour la mère et l’enfant. Dans cet environnement à faible stimuli, ils peuvent rester avec leur bébé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, cela stimule la croissance du nouveau-né et réduit considérablement le stress des parents.
Le séjour en USIN est une période intense pour les parents avec peu d’intimité, beaucoup de bruit et d’alarmes autour de leur bébé qu’ils ne peuvent pas toujours interpréter. L’environnement stressant dans lequel se trouve la mère, entre autres, fait en sorte que l’allaitement commence lentement. Si les parents sont plus présents, l’implication dans la prise en charge de leur enfant grandit. Plus vous leur créez un environnement calme et serein, mieux l’allaitement se déroulera, au plus vite les parents et l’enfant pourront rentrer à la maison. D’un point de vue scientifique, on ne peut le prouver que par des données de tendance à long terme et des résultats provenant de groupes plus importants. C’est pourquoi le 4B1 travaille avec le logiciel d’analyse d’itemedical et que le projet est de l’étendre aux autres services critiques de l’USIN de l’hôpital de Gand.
Source: Scheiding tussen ouders en pasgeborene moet zoveel mogelijk beperkt worden | KCE (fgov.be)
2. Aperçu de la situation d’alarme
Les résultats de cette analyse fournissent également des informations pour le déménagement dans le nouveau bâtiment et l’ameublement des chambres unifamiliales. Estimer à l’avance la charge des alarmes permet d’établir un planning responsable pour une population de patients plus intensive. Comment cela se passe-t-il pour les parents, pour les soignants, les médecins et le personnel soignant? Ils se font une meilleure idée de ce à quoi devrait idéalement ressembler le nouveau département.
Dans un environnement à faible stimuli, l’équipe du projet s’intéresse principalement au niveau de bruit dans la pièce. Les alarmes en sont en grande partie responsable. En envoyant intelligemment les signaux des monitorings aux smartphones des infirmières, le dispositif médical lui-même peut rester aussi silencieux que possible. Car certains parents optent pour plus de silence et l’affichage est en mode privé. D’autres parents veulent suivre les informations à l’écran et cela ne donne qu’un son minimal. Le soir, les monitorings passent quand même en mode nuit. Il en résulte un environnement considérablement plus calme.
Le système d’alarme médicale (MAS) déclenche alors la cascade d’alarmes: le logiciel d’itemedical filtre les avertissements en fonction de leur pertinence clinique et les retarde dans la mesure du possible. Le système de distribution d’alarmes (ADS) transmet les signaux d’urgence restants aux bons prestataires de soins, créant ainsi un « concept de chambre silencieuse » sûre. La porte de la chambre peut être fermée, les appareils sont aussi silencieux que possible, l’infirmière ne reçoit que les signaux pertinents. Et les parents conservent leur intimité dans la chambre et profitent ainsi du calme, avec leur bébé.
3. ‘Des grandes pièces de soins’ aux chambres familiales individuelles pour une néonatologie plus calme
Les parents
La transition du concept de grandes salles de soins de l’USIN aux chambres unifamiliales a un impact significatif. Dans le grand espace, les parents se sentent souvent superflus et visiteur de leur propre enfant au lieu de partenaire de soin. En revanche, ils se sentent bien entourés, car il y a plus d’infirmières autour et ils peuvent se comparer avec d’autres bébés et parents. Cela crée un (partiellement faux) sentiment de sécurité. Lorsqu’ils déménagent dans les chambres unifamiliales, ce sentiment de protection disparaît. La familiarité des sons disparaît. Ils ont besoin d’être certain que leur bébé est aussi bien surveillé. L’UZ Gent explique donc le système d’alarme dans une brochure d’information. Les professionnels de la santé leur montrent comment les smartphones reçoivent les alarmes. Le filet de sécurité est aussi grand que dans le concept de salle, mais il n’est pas immédiatement visible.
Les infirmières
Elaborer un trajet de chambre silencieuse n’est pas non plus une chose facile pour les infirmières. L’acceptation peut être difficile. Karen van Quekelberghe et Dr. De Coen nous l’expliquent.
- Karen Van Quekelberghe: « Les infirmières perçoivent souvent les sons autour du lit comme un réconfort. Après tout, chaque alarme a sa propre tonalité, sa fréquence et un son typique. Si cela est supprimé, ce confort disparaît souvent aussi. D’un autre côté, vous voulez qu’elles restent concentrées sur les alarmes critiques. C’est pourquoi nous avons opté pour ce système d’alarmes plus silencieuses et le processus associé avec le coaching d’alarme. Pour les infirmières du 4B1, la charge de travail est la même : elles soignent le même nombre de patients. Mais elles rentrent à la maison la tête plus sereine car il y a moins de bruit et de stimuli, car on filtre mieux les alarmes. Le monitoring est aussi silencieux que possible, tandis que les alertes sont envoyées intelligemment à la bonne personne. C’est un gros bénéfice. Cela réduit la fatigue d’alarme pour elles. »
- C’est aussi l’un des objectifs que poursuit itemedical avec le modèle de gestion des alarmes : moins de stimuli pour les parents et les bébés, mais surtout pour les infirmières afin de lutter contre la fatigue d’alarme. En collaboration avec le service, nous examinons comment vous pouvez différencier les alarmes de manière plus intelligente. Dr. De Coen: « Grâce à l’aperçu des données, vous pouvez analyser et interpréter les alarmes. Une combinaison de valeurs détermine si vous filtrez les alarmes à l’avance ou non. Vous pouvez facilement désactiver les signaux moins fiables ou les lier à une limite de temps: si une alarme cliniquement moins pertinente persiste pendant x temps, vous devez vérifier cela car il se peut qu’il y en ait d’autres. De cette façon, vous pouvez concentrer toute votre attention sur les alarmes cliniquement pertinentes. Il ne faut pas non plus perdre de vue la législation: il faut toujours faire la distinction entre alarmes primaires et non primaires. Nous transmettons donc les alarmes de haute priorité telles quelles aux smartphones. » L’introduction d’un MAS est donc une question de concentration: quelle est l’essence de l’ensemble du système d’alarme et ce qu’il est bon de savoir.
- Le logiciel d’attribution, les nœuds de chambre, les smartphones, c’est une partie assez technique. C’est pourquoi il est préférable qu’une personne « clinique » explique la nouvelle façon de travailler aux infirmières. De cette façon, vous évitez les erreurs, les suppositions et les craintes liées au démarrage d’un tel système. Comment fonctionne le délai, qui est le premier à recevoir l’appel, qui est en 2ème ligne, quelle est la différenciation entre les différentes alarmes, … Dr. De Coen : « Si cela correspond à ce qu’ils voient eux-mêmes dans les données, ils se sentent en sécurité et familiarisés avec le système. S’ils ont l’impression qu’une alarme en particulier ne passe pas, ils peuvent suivre le trajet de l’alarme dans le logiciel d’analyse. Une alarme jaune est par exemple retardée de 10 secondes, une alarme rouge se déclenche immédiatement sur le smartphone. C’est le processus d’enseignement et d’apprentissage. » Une fois mis en œuvre, il s’agit d’un processus d’apprentissage continu, non seulement pour les nouveaux utilisateurs, mais pour tout le monde. Vous ajustez constamment le processus. Karen: « Parce que j’ai été impliquée dès le début en tant qu’infirmière, je comprends aussi l’aspect technique. Mais pour quelqu’un qui entre dans ce processus plus tard, le côté technique est parfois trop complexe. Une infirmière ou un médecin souhaiterait alors une explication plus personnalisée. »
Service biomédical et soutien clinique
La validation de l’ensemble du MAS a été effectuée par le service biomédical de l’UZ Gent. Ils ont l’expertise nécessaire pour cela. Le monitoring est au cœur de tout. S’il change, la cascade d’alarmes doit également s’intégrer dans ce processus de changement. Il vaut alors mieux voir cela comme un paquet total : vous avez un seul ajustement aigu, sinon cela deviendra un processus plus difficile à accepter et chronique. Nele Nuytten: « Lorsqu’un système est techniquement prêt, le soutien clinique est également important. Le réglage fin du système d’alarme dépend du bon filtrage et d’un délai correct, ce que nous ne pouvons pas faire nous-mêmes. Il s’agit donc d’une histoire à la fois: du côté technique, une introduction compréhensible au système est importante, et du côté des soins, une interprétation par un clinicien est nécessaire pour rendre l’alarme plus intelligente. C’est la seule façon de parvenir à une bonne adaptation du nouveau système. La transmission des alarmes aux smartphones ne doit pas être effectuée à la hâte, car votre projet sera alors complètement raté. Souvent, les infirmières n’y pensent pas. »
Karen: « Les équipements autour du lit génèrent un grand nombre d’alarmes. Et vous ne le remarquez que lorsqu’ils arrivent sur le smartphone, près de chez vous. C’est pourquoi il est si important de visualiser les données à l’avance. En connaissant le nombre d’alarmes, la durée des alarmes, les types d’alarmes, … vous pouvez appliquer un meilleur filtrage et faire des choix. » Quelles alarmes transmettez-vous au smartphone d’une infirmière et quand? La partie factuelle (tester ce qui est justifié et ce qui ne l’est pas) y joue un rôle non négligeable. Un réglage trop strict des limites de sorte que vous ne receviez plus d’alarmes crée une situation dangereuse et vous devez l’éviter à tout prix.
Conseil: constituer une équipe pluridisciplinaire
L’équipe de soins de l’UZ Gent elle-même recommande d’impliquer dès le début une équipe de supers utilisateurs dans le projet. Ils sont au quotidien sur le lieu de travail, parlent le même « langage » et soutiennent donc plus facilement les autres utilisateurs. La responsabilité de leur fournir la formation elle-même incombe au fournisseur de l’ADS d’une part, et au coaching d’alarme d’autre part pour interpréter les données d’alarme et le flux vers le système d’alarme.
4. MAS: réduction d’alarme avec sauvegarde sécurisée
L’UZ Gent travaille dans plusieurs départements pour réduire le nombre d’alarmes, mais nulle part aussi loin que dans l’unité de soins intensifs néonataux. Par exemple, l’unité de soins intensifs pédiatriques fonctionne avec des écrans et des DECT comme système d’alarme. Cependant, parce que ce n’est pas réglé correctement, les dects sont simplement dans l’armoire. Toutes les portes sont ouvertes et l’équipe règle le volume des alarmes à haut niveau sur les dispositifs médicaux afin qu’ils puissent les entendre. L’alarme manque sa cible et est donc un investissement inutile. Heureusement, la technologie a maintenant évolué et l’USIN s’y est vraiment engagée: les téléphones ne finissent pas au placard, mais font partie d’un service vraiment plus silencieux. Dr. De Coen: « Et nous ne pouvions le faire qu’en examinant d’abord les données, puis en filtrant et en retardant l’envoi des alarmes, limitant ainsi la charge sur les smartphones aux alarmes cliniquement pertinentes. Sinon, le projet aurait échouer d’avance.”
Mais comment assurez-vous la sécurité dans ce processus ? Car en envoyant les alarmes via une plateforme vers un smartphone, cela devient une chaîne très critique. Isabelle Sasanguie: « Nous avons développé un livret d’information pour les infirmières sur le fonctionnement du système d’alarme. Comment s’inscrivent-ils, comment sélectionnent-ils les buddys. Lorsque les alarmes ne parviennent qu’au poste central et non à leur smartphone, ils savent que quelque chose ne va pas dans le système. Ils reçoivent un message « connexion perdue » sur leur téléphone. Les numéros d’urgence sont répertoriés dans le cahier d’information en cas de panne en semaine ou le week-end.
En plus du système MAS, l’UZ Gent a donc délibérément opté pour un système d’appel médical (MOS) comme système de secours. Nele Nuytten: « C’est un pilier important pour nous : dans la mesure du possible, nous nous efforçons de doubler les alarmes, en particulier pour les alertes rouges. Nous connectons le tout avec un système MAS et un système MOS, ce dernier étant une solution de repli pour le MAS. Les alarmes rouges apparaissent donc deux fois sur le smartphone, mais dans ce cas on opte pour la sécurité. Les infirmières y sont désormais habituées. C’est notre principal filet de sécurité. En outre, nous avons également effectué une analyse des risques pour tous les scénarios de repli : à quel niveau les problèmes peuvent-ils survenir, quelles mesures avons-nous déjà prévues, quelles actions pouvons-nous entreprendre. Combiné avec le manuel d’utilisation et la formation que nous fournissons, nous pouvons compter sur le système. »
5. La bonne combinaison de l’ADS et de la gestion des alarmes
Le choix de 25-8 comme fournisseur d’un ADS (Alarm Distribution System) et d’itemedical pour la gestion des alarmes est une évidence pour l’UZ Gent. L’UZ Gent utilise déjà les services de 25-8 pour la distribution des appels infirmiers vers les smartphones. 2 systèmes côte à côte signifieraient un double investissement. De plus, une infirmière devrait se promener avec 2 téléphones portables, cela ne fonctionne pas. Nele: « Je voulais aussi travailler indépendamment du fournisseur pour mon système d’alarme. Parce que cela commence par le monitoring, puis les pousse-seringues, les respirateurs, etc. Il doit s’agir d’un système indépendant et flexible, prêt pour les investissements futurs de l’hôpital. De plus, la gestion des alarmes était également importante. 25-8 nous a mis en contact avec itemedical. Ensemble, nous avons ensuite élaboré cette trajectoire. »
6. Expérience pratique après la mise en oeuvre
Isabelle: « Nous pouvons désormais laisser les parents participer aux soins et leur donner l’intimité nécessaire pour être seuls dans leur cocon familial. Et pourtant, ils se sentent entourés des meilleures soins avec la sécurité de l’alarme. »
Karen : « Nous constatons une plus grande tranquillité d’esprit chez les parents, ils connaissent parfaitement leur bébé, car ils peuvent rester avec eux 24h/24. Auparavant, c’était beaucoup moins et les parents rentraient chez eux en se sentant peu rassurés. »
Nele: « Le département des soins nous contacte toujours avec de nombreuses questions et souhaits et nous essayons toujours y répondre autant que possible. S’ils sont satisfaits de la solution proposée, cela nous donne une grande satisfaction, surtout si cela fonctionne réellement comme ils l’envisagent. Aider à penser à la mise au point finale nous procure une grande satisfaction. Parce que techniquement, la solution est la même que pour les maladies pulmonaires, mais le besoin d’alarmes intelligentes et de cascades d’alarmes est très différent. »
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